Jour 2

Nous sommes le 10 octobre. Ma deuxième journée de travail commence. Je me présente à mon bureau à 9 heures. Je demande à une de mes jeunes collègues si l’on doit faire le ménage seulement une fois de temps en temps ou alors tous les jours.  Je n’aurais pas dû demander… me voici déjà en train de passer l’aspirateur. Une fois les corvées de ménage achevées, je m’installe à mon bureau. Toujours pas d’ordinateur... On me demande alors d’utiliser mon propre iPad mini pour préparer une série d’emails en anglais à envoyer à des acheteurs potentiels, des journalistes et autres professionnels du milieu de la mode rencontrés lors du salon professionnel de mode Tranoï à Paris, quelques semaines auparavant. Vous pouvez imaginer que l’iPad mini n’est pas le meilleur outil de travail pour rédiger une soixantaine d’emails. Peu importe, je m’exécute sans un mot, tel un bon employé japonais soumis.

Lors de ma pause déjeuner, je décide de rentrer chez moi pour chercher mon ordinateur personnel. Habitant à 10 minutes à pied du bureau, je suis arrivé très rapidement à mon domicile. C’est après avoir englouti un sandwich à grande vitesse que je retourne au bureau avec mon ordinateur portable avec moi. Une fois au bureau, je sors la machine de guerre, et me remets à rédiger mes emails. Je suis plutôt fier de moi puisque je tape sur mon clavier bien plus vite qu’avec mon iPad mini ! Ma  productivité étant de ce fait améliorée, j’imagine alors la satisfaction de mes supérieurs ! Après une heure de rédaction sur mon ordinateur, la directrice, qui vient alors d’arriver, me demande d’éteindre mon ordinateur sans me donner d’explication. Je m’exécute en silence, en essayant de trouver une raison valable à l’ordre qui vient de m’être donné. Je comprends alors que je viens de réaliser une erreur de taille : je viens de prendre une initiative ! En effet, aux yeux de mes supérieurs, bien que diplômé d’une licence, d’une maîtrise et d’un MBA, je ne suis pas capable de prendre la moindre initiative sans demander la permission à mes supérieurs hiérarchiques. Résultat de la course, me voilà à nouveau avec mon iPad mini à me détruire la vue.

Il est 20 heures. Je commence à être épuisé. Certains de mes collègues reviennent alors du "combini" (convenient store) du coin avec des plats préparés, déjà réchauffés. Ils se mettent alors à dîner devant leur écran d'ordinateur. Je pense alors très fort dans ma tête : cette nuit va être longue ! Je décide alors de sortir m’acheter à manger et d’en profiter pour prendre l’air. Les courses faites, je retourne à mon calvaire. Ce fût mon premier dîner pris au bureau: le bonheur!