Jour 23

J'ai commencé cette journée de travail en étant heureux, et de bonne humeur. C'est le sourire aux lèvres, et Run to you de Whitney dans la tête, que j'ai récuré la cuvette des WCs, et passé ma matinée, ainsi que mon après-midi devant mon écran d'ordinateur. Vous vous demandez peut-être ce qui me rendait heureux? Il arrive parfois, au cours de sa vie, que certains évènements tous simples pour certains, mais complètement inattendus pour d’autres, viennent vous surprendre, et ce, positivement. Lorsque ces évènements ont lieu, il faut savoir, je pense, en profiter et faire prolonger le plaisir qu'ils nous procurent. C’est décidé, je ne laisserai personne dans mon entreprise me grisailler ma journée.

C’est vers 19 heures que j’ai  commencé à éteindre mon ordinateur, et me lever de ma chaise pour rentrer chez moi. Ce soir, je voulais partir assez tôt car j’avais un dîner de prévu. Alors que j’étais en train de mettre mon écharpe autour du cou, ma première Responsable m’a attrapé le bras, et m’a dit discrètement à l’oreille que je ne pouvais pas partir maintenant. Elle m’a expliqué que la Directrice et son mari le designer étaient encore là à travailler, et que je ne pouvais pas quitter le navire avant eux. J’étais au courant que dans beaucoup d’entreprises japonaises, les employés ne pouvaient pas partir avant leur boss. Je lui ai expliqué que c’était exceptionnel, et que j’avais un rendez-vous. Vous vous doutez bien que ma réponse ne lui importait peu. J’aurais pu avoir une opération de prévue dans un hôpital pour me faire retirer une tumeur qu’elle ne m’aurait pas laissé partir ! Cette hiérarchie, je n’en peux plus !

Je suis également en train de penser qu'il ne me reste plus beaucoup de temps au sein de cette entreprise. Je ne veux pas revenir en arrière, et mettre de côté mon idée de quitter cet enfer. Le compte à rebours est lancé, et il n'existe pas d'option pour arrêter la machine. J'aimerais bien le mettre sur pause, histoire d'avoir le temps de réfléchir encore un peu plus. Le temps passe si vite, vraiment vite, beaucoup trop vite. Et ce, surtout lorsqu'on vit à l'étranger. On ne voit pas les jours passer. De ce fait, les semaines défilent à une vitesse folle, c'est impressionnant. Puisque j'ai toujours vécu au jour le jour, je profiterai avec les gens que j’aime de chaque instant qu’il me reste dans cette ville que je chéris tant, Tokyo. Et qui sait, je reviendrai peut-être…