Jour 14

Aujourd'hui encore, j'ai dû porter mon masque blanc de malade contagieux. Je lui trouve de plus en plus d’avantages: je n'ai plus besoin de mettre ma main devant ma bouche quand je tousse, je peux grignoter sans que l'on me voie, et surtout personne ne peut me reprocher de ne pas sourire assez...

Ce midi, je suis allé déjeuner au Mc Donald qui se trouve à 5 minutes à pied du bureau. J'aime bien cet endroit car je n’y ai encore jamais vu un de mes collègues. Ces derniers semblent préférer manger devant leur écran d'ordinateur, en remuant leur souris de temps en temps, histoire de faire penser aux autres que même lors de la pause déjeuner, ils travaillent. L'image a beaucoup d'importance au Japon, quitte à en donner une fausse.

En rentrant de ma pause déjeuner, j'ai eu droit à un bain d'odeurs alimentaires. On pouvait sentir un mélange de curry et de poisson frit dans le bureau entier. C'est très désagréable de travailler dans ces conditions, mais que voulez-vous, je ne peux rien dire. J’ai donc remis aussitôt mon masque, histoire de filtrer ses mauvaises odeurs.

J'ai passé ma journée à améliorer ma présentation orale en japonais, et mon support Powerpoint en anglais. Je veux leur montrer de quoi je suis capable, moi, jeune diplômé fraîchement sorti d'une école de commerce. Par-dessus tout, je veux qu'ils prennent conscience de ce qu'ils vont perdre lors de ma démission...

Il est 18 heures 10, on vient de m'apprendre qu'à 19 heures je dois aller avec certains de mes collègues à Yokohama (soit à 50 minutes en voiture de l’entreprise) pour remballer la boutique éphémère de la marque installée dans un des grands magasins de la ville, le Takashimaya. J'étais apparemment censé recevoir un email qu’on a évidemment omis de m’envoyer. J'explique que je n'ai pas reçu l'email. Cela m'énerve d'être prévenu au dernier moment, surtout que j'aurais pu avoir quelque chose de prévu après le travail. Apparemment on devrait rentrer vers 22 heures 30 sur Tokyo. On me demande si je suis d'accord pour y aller. Je réponds alors que de toute façon je n'ai pas le choix... On me répond que c'est le travail... Une bonne soirée en perspective...