Jour 15

J'ai appris aujourd'hui que je vais devoir travailler demain, toute la journée, mais également toute la nuit jusqu'à 7 heures du matin. Je m'en doutais un peu, mais l'idée ne me plaisait pas pour autant. Je suppose que personne est réellement ravi dans l'entreprise de devoir travailler 21 heures en continue. Nous allons devoir déménager la boutique et le café « éphémères » que nous avions mis en place, il y a deux semaines de cela, dans le Shinjuku Takashimaya, un grand magasin de Tokyo. J'espère vraiment que ce sera la dernière nuit pendant laquelle on me demandera de travailler. Il ne devrait pas y avoir de typhon demain, c’est déjà ça.

Lors de ma pause déjeuner, je suis allé, une fois de plus, manger un gros hamburger au Mc Donald d'à côté. A force d'y déjeuner, je commence à reconnaître les visages des employés, et particulièrement ceux qui travaillent en salle, car je m'amuse à les observer en pleine action. Une des employées de salle me fait, je dois l’avouer, un peu de la peine. Elle doit avoir dans les 80 ans, a le dos légèrement voûté, et le visage très ridé. Voilà une autre réalité du Japon, on commence à travailler très jeune, et on ne s'arrête plus jusqu'à la mort. Le taux de chômage au Japon est peut-être un des plus bas dans le monde, mais à quel prix! Selon moi, on ne devrait pas vivre pour travailler, mais bien travailler pour vivre. Je dois avoir une mentalité très française, je suppose. Au pays du soleil levant, on travaille mais on ne prend pas le temps de vivre, ce qui n’est pas forcément mieux.

Je n'y pense que maintenant mais hier j'ai eu l'opportunité de parler à un de mes collègues masculins. Il a 30 ans, travaille au sein de l'entreprise depuis 3 ans, a une petite amie, vit encore chez ses parents et ne voyage jamais à l'étranger. Surpris par cette dernière information, je lui ai demandé pourquoi il ne voyageait pas en dehors des frontières japonaises. Il m'explique alors qu'il ne parle pas anglais, ni aucune autre langue d'ailleurs, et que ça ne l’intéresse pas de voyager non plus. Je trouve ça triste de ne pas s'intéresser aux autres pays, aux autres cultures ou tout simplement aux autres. Une autre réalité japonaise dont je n'avais pas eu connaissance jusqu'à hier...